Salut,

Salutations, navigateur des flux numériques. Je ne sais par quelle chaine événementielle tu ouvris cette page de mon jeune blog, mais je t'invite à t'y intéresser, aussi passagère soit ta venue. Quelques mots d’explication : j'aime la poésie, tu t'en seras douté au nom de ce blog. Mais j'aime également réfléchir, m'interroger, pousser des raisonnements alambiqués souvent dans le seul but de penser. Voila donc "Le Réflecteur Poétique". Même si tu n'aimes ni la poésie, ni réfléchir (qui sait), ni plus simplement la littérature, ne claque pas la porte de mon blog avec horreur et dégout. Je tenterai par tous les moyens d’intéresser ou tout du moins d'interpeller tout visiteur. Maintenant que je t'ai décris sommairement ce lieu, je t'invite à y passer un moment, et à y revenir. Et surtout, n'hésite pas à laisser des commentaires.


Actualités

OH OH OH !

Disparu que j'étais, depuis plus d'un an. Je vais reprendre tout ça en main.

La plupart des textes de ce blog me paraissent bien fades avec le recul, sans compter le fait qu'ils sont truffés de fautes de métrique !

Je ne sais encore ce que je vais faire. Sans doute créer un nouveau blog et repartir de zéro. D'autant que mes aspirations ont changé.

Nous verrons. S'il en est qui passent parfois ici, voyez ce message !



jeudi 29 septembre 2011

Narcisse

Il éclos avec la rosée,
Quand celle-ci dévoile les pièges,
Tendues par les fines araignées.
De l’âme de cette aube de neige,
Il s’est nourri et a forgé,
Son hermétique cœur de liège,
Corps plein d’ impassibilité,
Beauté d’un imprenable siège,
Corps plein d’impassibilité,
Beauté d’un imprenable siège.

Chaque jour qu’ouvraient ses paupières,
On ne pouvait l’imaginer,
Plus charmant, et pourtant naguère,
Il n’était pas aussi parfait,
Toujours plus profonde la sphère,
De ses yeux en un froid brasier,
Sous sa peau dépourvue d’ornière,
Jamais Narcisse ne pleurait,
Sous sa peau dépourvue d’ornière.
Jamais Narcisse ne pleurait.

De ses pieds de nacre il foulait,
Tous les serments, tous les amours,
De femmes ou de déesse, les traits,
Les plus fins, les plus beaux atours,
Jamais ne lui firent sentir vrai,
Jamais ne lui firent voir le jour,
Corps aussi doux qu’un flot de lait,
Cœur sec en écrin de velours,
Corps aussi doux qu’un flot de lait,
Cœur sec en écrin de velours.

Rappelle-toi, Narcisse, cette nymphe si pâle,
Qui aurait tout donné pour un unique baiser,
Rappelle-toi Narcisse, entends-tu le long râle,
Qui sortit de sa gorge lorsqu’elle s’est envolée ?

Au fin fond d’une grotte, elle laissa son mal,
Dissoudre le vieux coffre de son âme brisée,
Son corps disparut, seuls ses yeux d’opale,
Répètent les paroles du marcheur égaré.

Et tu continuais, broyant sans le vouloir,
Tous ces cœurs que les imprudentes dulcinées,
Te présentaient offerts, dans des hanaps d’ivoire,
Où tu ne bus jamais ne serait-ce qu’une gorgée.

Oh Narcisse, tu les as tant dédaignées,
Ces files de femmes, conservant ton honneur,
Quel salut pour elles, si une tu avais aimé,
Et pour toi, car tu la payas cher ton erreur.

Alors qu’il marchait sans savoir que son chemin,
Était déjà scellé par les dieux orgueilleux,
Émergent des sous-bois, il aperçut soudain,
Les reflets irisés d’un lac sous le ciel bleu.

Hélas ta fatigue, hélas la beauté,
De cet ovale d’eau tel un cristal liquide,
Hélas le lit de mousse qui t’attendait ombré,
À côté du grand miroir glacé et sans rides.

Il s’est endormi sur le sol qui exaltait,
Le nectar de la terre et l’ambroisie du roc,
Dormant, il s’est surprit à rêver qu’il était,
Une de ces fraiches herbes dont les mortels se moquent.

Quand il s’est réveillé, tiraillé par la soif,
Il a rampé sans bruit vers la lumière de l’onde,
Et se penchant pour boire, il aperçut sa coiffe,
Et juste en dessous, une figure blanche et blonde.

Narcisse, dis-moi donc qui était la personne,
Que tu observais à cette fenêtre aqueuse,
Et pourquoi donc les traits de son visage s’étonnent ?
La vue de ton image doit lui paraitre affreuse.

Mais malgré tout, elle ne semblait vouloir partir,
Dès que tu t’approchais, elle était déjà là,
Et peu à peu, elle semblait prendre plaisir,
Car ce ne furent plus que sourires en son minois.

Ignorant tout des flammes, c’est là qu’il découvrit,
Ce que toutes les femmes recherchaient en ses yeux,
Enfin le sens du brame que pousse le cerf la nuit,
Transperça de ses lames son crane dédaigneux.

Mais jamais il ne put –pas le moindre effleurement–,
Toucher du bout des lèvres celles de l’inconnu,
Qu’il y passe des heures, le fasse furieusement,
Au moment de l’étreinte il le perdait de vue.

Narcisse, combien de temps est-tu donc resté là,
À chercher en vain comment passer le rideau,
Qui paraissait si fin entre cet être et toi ?
Combien ? Même Chronos ne pourrait en dire mot.

Mais dans ton supplice lascif subsistait l’espoir,
Qu’un jour cet amour, cette passion qui te brûlait,
Franchisse l’horizon, comme Hélios le soir,
Et puisse venir enfin celui que tu aimais.

Mais la main du destin qui déjà le courbait,
Sur ce lac immobile broya son espérance,
Elle saisit de ses doigts une feuille qui voletait,
Et la jeta sur l’autre dont apparut le sens.

Ho le plus cruel des amours qui soit,
D’aimer l’être le plus inaccessible au monde,
Alors qu’il vit encore au plus proche de soi,
Peut-on être accablé d’une souffrance plus immonde ?

Enfant né de Liriope et du fleuve Céphisse,
Une peau plus calme que celle de ton père,
A servit de châtiment à la Némésis,
Vengeant enfin par l’eau douce les larmes amères.

« Ta vie durera tant que tu t’ignorera »
Dit un jour un devin au bébé qui dormait,
Par lui les dieux avaient dues murmurer tout bas,
Narcisse est mort dès qu’il aperçut son reflet.

Et il se consuma comme couché sur la braise,
Ses jambes enlacèrent les racines d’un laurier,
Sur son corps aussi fin qu’une tige de fraise,
Sa tête se coiffa de pétales nacrés.

Entend là-bas, au creux des vallons escarpés,
Les pleurs sans fin d’Écho qui se lamente toujours,
« Hélas ! Hélas ! », sur le jeune homme qui s’est noyé,
Dans les poisons transis de son unique amour.

Et tandis que ton âme se contemple toujours,
Dans l’eau noire du Styx qui abreuve l’Enfer,
Toute femme peut cueillir à son gré ton amour,
Qui sème ses taches blanches sur un grand manteau vert.

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